En mai 1960, suite au constat du manque de place, de saturation de la circulation, de problèmes de fonctionnement, d’hygiène et de propreté, la décision est prise de transférer…
…
le marché de gros alimentaire du centre de Paris vers Rungis et La Villette. En
1969 les Halles déménagent et, en 1973, les derniers pavillons de Baltard sont
évacués et leur démolition suscite une intense polémique.
Soucieux
d’élever Paris au rang de capitale européenne, le général De Gaulle entend
tirer parti du départ du marché de gros parisien. Fin 1967, sous l’autorité du
préfet et en accord avec le Conseil municipal, une consultation réunissant les
équipes des architectes Arretche, Charpentier, Faugeron, de Marien, Marot et l’AUA
doit permettre de promouvoir une architecture contemporaine et de désigner un
architecte urbaniste en chef d’un secteur allant des Halles au plateau
Beaubourg. Après une vive campagne de presse et une grande exposition où
s’expriment des milliers de visiteurs, les réactions sont majoritairement
hostiles aux solutions proposées. Le 10 mars 1968, le Conseil de Paris écarte
l’ensemble des projets et décide de créer une commission permanente du secteur
des Halles, présidée par René Capitant.
L’Apur,
nouvellement créé, est chargé d’apporter son étroite collaboration à l’étude
des problèmes d’urbanisme. Les premières orientations sont transcrites en un
schéma d’aménagement de la zone de rénovation des Halles, qui met en forme le
programme promu par l’Etat et est traduit par les services d’urbanisme en un
PAZ (plan d’aménagement de zone) que la SEMAH est chargée de mettre en œuvre en
deux phases :
- Alléger les
densités construites au-dessus du sol (les 3/5e des 99.000m² du
centre de commerce international, 18.000m² de logement, 10.000m² de commerce,
25.000m² d’un hôtel des ventes) au profit des espaces verts et des cheminements
piétons ;
- Utiliser au
maximum le sous-sol lié aux transports collectifs régionaux en y aménageant les
2/5e du centre de commerce international (40.000m² des 99.000
prévus), des équipements commerciaux (40.000m²), culturels (12.000m²), sportifs
(10.000m²) et de loisirs ;
- Réaliser en
sous-sol la desserte automobile et d’importants parcs de stationnement afin de
libérer au maximum la surface.
En
1969, le président de la République, Georges Pompidou, décide la construction
d’un musée national d’Art moderne, rapidement réalisable sur l’emprise disponible
du plateau Beaubourg. Ce projet donne à l’opération des Halles un surcroît
d’ambition et une dimension internationale. En 1971, le jury présidé par Jean Prouvé
désigne, parmi 681 projets, la proposition de l’équipe d’architectes Italo
britannique Renzo Piano et Richard Rogers.
L'élection
de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République, en 1974, marque
de nouvelles orientations pour les Halles. Le permis de construire du centre de
commerce international, prévu devant la bourse de commerce est annulé au profit
de l’agrandissement des espaces verts. À l’automne, Michel Guy, secrétaire
d’État à la Culture, entreprend la consultation informelle d’architectes et
paysagistes sans solliciter la Ville de Paris. À partir d’une esquisse, le Président
de la République choisit l’étude de R. Bofill composée d’une vaste place
centrale en ellipse à double colonnade entourée de plantations denses. Ce
projet se heurte très vite aux élus du Conseil de Paris qui, fin 1974, demandent
le lancement d'une consultation d’au moins trois concepteurs. Le public afflue en
masse pour examiner les maquettes des trois équipes retenues (1 - R. Bofill, C.
Vasconi, G. Pencreac’h, A. Provost, 2 - B. La Tour d’Auvergne, R. Page, 3 - J-C.
Bernard, Arc-Architecture). L'insertion dans l’environnement, l’ouverture vers
Saint-Eustache et la qualité des espaces et équipements publics du projet de J-C.
Bernard emportent l'adhésion du public.
En
1977, l’inauguration du tronçon central du RER et de la station
Châtelet-les-Halles, succédant à l’ouverture en janvier du centre Georges-Pompidou,
donne aux Halles sa dimension internationale, et l'élection de Jacques Chirac
comme maire de Paris offre un nouveau souffle à l’aménagement. Dès 1978, sur la
base des travaux de l’Apur, de la SEMAH et de la direction de l’Urbanisme de la
Ville de Paris, il fixe les choix décisifs :
- Ecarter la
création d’éléments de prestige face à l’héritage historique du site :
Saint-Eustache et Bourse du Commerce ;
-
Abandonner le chantier
« Bofill », rue Rambuteau, jugé trop monumental face à Saint-Eustache.
-
Créer un vaste
jardin public ouvert aux pratiques diverses, en harmonie avec les éléments
majeurs du site ;
-
Respecter la
volumétrie et l’implantation des bâtiments existants lors de la création de
nouveaux édifices ;
-
Exploiter au maximum
les volumes en sous-sol pour l’aménagement d’équipements publics en continuité
du forum commercial.
Ces
grandes lignes sont concrétisées par un jardin dessiné par l'architecte L. Arretche
et les paysagistes J. Vergely, F.-X. et C. Lalanne. La réalisation du Forum est
confiée à C. Vasconi et G. Pencreac’h. Le choix des principaux maîtres d’œuvre
est arrêté pour l'extension du centre commercial (G. Pencreac’h), le pavillon
de la rue Pierre-Lescot (J. Willerval et J. Prouvé), les logements rue
Rambuteau (M. Ducharme, J-P. Minost, C. Larras), les programmes privés de la
rue Berger (M. Marot, D. Tremblot, R. Martinet), les traitements des sols (G. Bureau,
P. Mougin, P. Mathieux), les nouveaux équipements municipaux : la piscine
en sous-sol, le Forum des images, et la nouvelle place (place Carrée)(P. Chemetov).
En
avril 1979, la Ville affronte une dernière contestation sur les grandes
orientations du projet. Le syndicat de l’architecture lance sous sa
responsabilité une consultation internationale pour la définition d’un
contre-projet. Plus de 600 concurrents, principalement étrangers, remettent
leurs propositions à un jury de haut niveau. Cette consultation n’ayant pas eu
de suite, le projet est approuvé en 1980 par la Ville et sa réalisation menée à
terme par la SEMAH.
P.M.