Les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 - Un levier pour la construction du Grand Paris
Contributions de l'Atelier parisien d'urbanisme
Un exemple de grand site temporaire iconique : les Champs-Elysées © Paris2024 - Luxigon
1924-2024 : Paris a attendu 100 ans pour de nouveau accueillir les Jeux olympiques et paralympiques. Quels sont les enseignements des candidatures...
... passées et les nouveautés pour cette candidature gagnante ?
Les grands évènements internationaux ont toujours laissé une
empreinte durable sur la capitale. C’est bien sûr le cas des Expositions
universelles et de certaines de leurs grandes constructions
« temporaires » jamais démontées : 1889 a laissé la tour Eiffel,
1900 les Petit et Grand Palais et le pont Alexandre III, 1937 le Palais de
Chaillot…
Paris a su tirer parti aussi de grands projets avortés, qui ont changé
le regard sur la ville et permis l’essor de grandes opérations de développement
urbain.
Les candidatures
passées comme véritables accélérateurs de projets
La mutation du Sud-Est de Paris, en bords de Seine, a été rendue
possible grâce à la mise en évidence de potentialités de ces sites à l’occasion
de la candidature de Paris à l’organisation de l’Exposition universelle de
1989, puis à celle des Jeux olympiques de 1992.
La candidature de Paris, abandonnée en cours de route, à
l’organisation de l’Exposition universelle de 1989 a précisé la forme et les
programmes du futur quartier de Bercy et mis en lumière la gare de Tolbiac comme
site à urbaniser.
La candidature pour les Jeux olympiques de 1992 a, de même,
proposé la mise en valeur du site de la Seine, l’implantation sur la gare de Tolbiac
d’un grand équipement qui était le Stade nautique en face du Palais Omnisports
de Paris-Bercy et l’édification d’un quartier mixte de logements et d’activités
qui est devenu Paris-Rive-Gauche. Le grand équipement sera finalement la
Bibliothèque nationale de France, relié au parc de Bercy par la passerelle Simone-de-Beauvoir.
Lorsque Paris se porte candidate pour accueillir les Jeux en 2008,
les terrains du Sud-Est de Paris ne sont plus disponibles. La réflexion urbaine
s’oriente davantage sur le secteur Nord-Est parisien et, à partir de l’embryon
formé par le Stade de France, le pôle se développe vers Paris. Il englobe le
village olympique proposé dans la plaine Saint-Denis et installe des
équipements le long du boulevard des Sports, de la porte de la Chapelle à la
porte de la Villette. Les réflexions urbaines menées tant dans la plaine
Saint-Denis qu’à Paris serviront de socle aux aménagements à venir.
La candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2012 s’appuie
toujours sur un noyau nord avec le Stade de France et des équipements situés à
la porte de la Chapelle mais, fort de l’avis de la commission d’évaluation de
2008, la localisation du village olympique se portera sur le site des
Batignolles, à Paris. Le projet des Batignolles ayant été conçu pour être un
nouveau quartier accueillant le temps d’un été les athlètes, ira à son terme et
le plan d’ensemble changera uniquement à la marge.
Ainsi, même « abandonnés », les grands projets ont
toujours eu un impact. Ils sont une occasion exceptionnelle de révéler des
territoires méconnus en y amenant un regard différent, à plus grande échelle et
avec plus d’ambition. Ils sont de véritables déclencheurs d’histoire, révélateurs
de sites et aussi d’accélérateur de projets. C’est dans cet esprit que la revue
Paris Projet n°36-37 présente les
projets de renouvellement urbain issus de la candidature de 2012.
L’Apur, après avoir travaillé sur les candidatures de 1992, 2008,
et 2012 s’est lancé naturellement dans le projet olympique de Paris 2024*.
L’étude « Les Jeux olympiques et paralympiques 2024, un levier pour la
construction du Grand Paris » restitue ainsi les travaux menés par
l’Atelier depuis 2015.
Paris 2024, un
héritage urbain matériel très fort, Paris-Seine-Saint-Denis
Pour la candidature de Paris aux Jeux de 2024, le contexte a
changé. Le CIO a réalisé son agenda 2020 qui demande désormais aux villes de
s’appuyer davantage sur les sites existants et projets engagés, quitte à ne
plus avoir de grand parc olympique rassemblant le maximum de sites. Entre-temps,
de belles réalisations ont vu le jour comme les rénovations du Parc des Princes
et du Stade Jean-Bouin, les constructions du vélodrome de Saint-Quentin en
Yvelines, de la base nautique de Vaires-sur-Marne et de l’U Arena. Le niveau d’équipements
est bien meilleur, ce qui fait que 95% des sites de compétition de Paris 2024
sont existants ou temporaires. Pour autant, l’impact est loin d’être
négligeable, l’héritage urbain et l’héritage immatériel seront majeurs.
Un travail pour renforcer les liens
entre Paris et la Seine-Saint-Denis s’est notamment engagé avec force. Deux
programmes urbains verront le jour : le village olympique et paralympique à
Pleyel-Bords de Seine et le village des médias à Dugny-Le Bourget, qui seront
deux nouveaux quartiers mixtes situés à proximité de nouvelles gares du Grand
Paris. L’héritage en matière d’équipements sportifs concerne la réalisation du
centre aquatique olympique et la rénovation d’équipements sportifs de proximité
servant de sites d’entrainement.
Paris 2024, un
héritage immatériel puissant
Paris 2024 a pour ambition de travailler, sur un temps
long qui a déjà démarré pendant la phase de candidature, sur le développement
d’une société plus sportive, plus inclusive, plus solidaire et sur
l’exemplarité environnementale marquant une nouvelle manière de construire et
d’organiser les Jeux.
P.P.
* Une salariée de l'Apur a pris un congé mobilité pour être responsable des sites et infrastructures au GIP Paris 2024 de décembre 2015 à juin 2017.