Les premières données du recensement de 1968
Le centre rive droite
Piétons aux abords d'un quai de gare à Paris © Apur
Aujourd’hui l’INSEE publie chaque année le nombre d’habitants de toutes les communes de France. Mais jusqu’en 1999, les chiffres de population n’étaient révélés…
… que tous les 7 ou 8 ans, à la suite d’un
recensement général. Dans le cas de Paris, chaque annonce du nouveau chiffre de
population ne manquait pas de provoquer un émoi considérable. On découvrait la
disparition de dizaines de milliers d’habitants, parfois de centaines de
milliers. La population de Paris s’était réduite de plus de 600 000
habitants de 1962 à 1990. Ce constat d’hémorragie était peu compréhensible pour
beaucoup d’observateurs au moment où des logements s’édifiaient en masse dans des
arrondissements périphériques comme le 13e, le 15e, le 19e
ou le 20e.
A en croire la presse des années 1980,
la cause du dépeuplement n’était pas si mystérieuse, elle avait pour nom
« qualité de vie ». Fuyant Paris, sa pollution et ses embouteillages,
les parisiens votaient avec leurs pieds pour rejoindre les vertes banlieues. Ces
tentatives d’explication sont simplistes et surtout erronées.
Afin de connaître les évolutions
démographiques, sociales et économiques de Paris, l’Apur étudie et analyse les
données des recensements successifs. Que disent les études portant sur les
années 1960-1990 ? D’une part que Paris a hérité au lendemain de la
Deuxième Guerre mondiale d’un haut degré de sur occupation des logements. Surtout
le développement économique attirait à la capitale un nombre croissant de
cadres et de professions libérales, couches urbaines aisées dotées d’un
pouvoir financier qui leur permettait de se loger bien plus au large que les
familles dont elles prenaient la place. Souvent, une famille de 3 ou 4
personnes se trouvait remplacée par un couple sans enfant ou une personne
seule. C’est dans ce phénomène de « baisse de la taille des ménages »
- indissociable de l’évolution sociale et socio-économique de Paris - que
résidait la cause principale de la dépopulation des années 1960 à 1990.
Ce sont les arrondissements du centre,
du 1er au 6e, qui ont subi la plus forte hémorragie. Ils
étaient les plus surpeuplés au lendemain de la guerre et leurs logements
étaient les plus anciens, les plus petits. Mais c’est là que les atouts de la
centralité ajoutée aux aménagements publics valorisants – Les Halles, Le
Marais, Beaubourg, le marché Saint-Germain… – ont créé chez les ménages aisés la
plus forte envie d’habiter.
A.J.M.