Secteur Seine Rive Gauche
Secteur Seine Rive Gauche. Etude du parti d'aménagement
La passerelle Simone-de-Beauvoir reliant le parc de Bercy à la ZAC Paris Rive Gauche (architecte : Dietmar Feichtinger) et la Bibliothèque nationale de France (architecte : Dominique Perrault) © Apur - Abron
L’opération Paris Rive Gauche, nommée Seine Rive Gauche à sa création, peut être considérée comme l’aboutissement du Plan programme de l’Est de Paris...
... approuvé en 1983. Si de nombreuses réflexions portent sur ce site
dès le « Schéma de secteur Seine Sud-Est » de 1972, ce n’est qu’à
partir de 1987 qu’une vision d’ensemble se dessine sur les trois sites
d’Austerlitz, Tolbiac et Masséna jusqu’alors pensés séparément, sans unité de
programme ni de projet. Cette vision globale est le point de départ de ce qui
est devenu le plus grand projet d’urbanisme à Paris depuis l’époque d’Haussmann.
Dans le secteur Austerlitz, un
projet limité concernait la restructuration d’une usine d’eau non potable appartenant
à la Ville de Paris, usine qui, depuis, a été reconstruite sous un immeuble de
bureaux. Un programme tertiaire complémentaire était envisagé à l’emplacement
de la cour d’arrivée de la gare d’Austerlitz.
Le secteur de la gare de marchandises
de Tolbiac, situé entre le boulevard Vincent-Auriol, la rue de Tolbiac, les
quais de Seine et le faisceau ferroviaire de la gare d’Austerlitz, a quant à
lui fait l’objet de nombreuses études : site d’accueil du projet abandonné d’Exposition
universelle de 1989, puis du centre nautique et d’une partie du village
olympique dans le cadre de la candidature de la Ville de Paris pour les Jeux olympiques
d’été de 1992, jeux qui ont été finalement attribués à Barcelone. Mais le
terrain est alors resté disponible pour un projet. Les délais très courts pour
la réalisation des infrastructures nécessaires avaient d’ailleurs conduit la
SNCF, propriétaire du terrain, à libérer le terrain à la demande de la Ville de
Paris et à lui signer une promesse de vente dès octobre 1986, avant même que la
décision d’attribution des Jeux ne soit prise.
Le secteur Masséna est alors
pensé comme un secteur de logistique et d’activités économiques : maintien
des activités ferroviaires, des Grands Moulins de Paris, et réalisation au sein
de la ZAC Tolbiac-Masséna d’un hôtel industriel. En complément, entre les
secteurs Tolbiac et Masséna, la rénovation du viaduc de Tolbiac portant la rue
du même nom, ouvrage métallique datant de la fin du XIXe siècle,
était engagée.
La volonté de créer un pôle
tertiaire majeur assez puissant pour contribuer au rééquilibrage de Paris vers
l’Est, ainsi que de structurer et d’unifier les trois sites d’Austerlitz,
Tolbiac et Masséna autour d’une avenue parallèle à la Seine et au faisceau ferroviaire
sont les deux éléments fondateurs de la grande opération d’urbanisme qui émerge
à la fin des années 1980.
En 1988 le projet « Athéna » porté
par le secteur privé et dessiné par l’architecte Jean-Paul Viguier, lance le
débat du déplacement de la gare d’Austerlitz aux abords du boulevard
périphérique, idée déjà avancée dans le cadre de « Banlieue 89 ». Une
étude approfondie de la faisabilité d’un tel projet est menée entre les
services de la Ville de Paris, la SNCF et l’Apur. Elle conclut au non réalisme
d’une telle hypothèse, compte tenu notamment de ses impacts en matière de
délais et de coûts. Mais cette idée conduit l’Apur à proposer l’appropriation
des terrains ferroviaires, par l’intermédiaire d’une couverture de l’essentiel
du faisceau grandes lignes et RER C d’Austerlitz, accueillant des espaces
publics et des constructions.
Un autre élément accélérateur de
l’opération a été la proposition faite par la Ville de Paris à l’Etat en 1987 d’offrir
7 hectares de terrain de la gare de Tolbiac pour accueillir la nouvelle
bibliothèque nationale devenue Bibliothèque nationale de France François-Mitterrand.
Parallèlement au lancement du concours en 1989, la Ville de Paris avec l’appui
de l’Apur et de la Semapa, aménageur choisi pour le projet, procédait au calage
de l’avenue de France et élaborait le PAZ (plan d’aménagement de zone) qui
outre un programme important de bureaux (900.000 m²) et la BNF (plus de 200.000
m²) prévoyait 520.000 m² de logements et un programme initial de 70.000 m² pour
l’université.
Si le PAZ de la ZAC ne sera que
peu modifié, ce premier programme connaîtra de nombreuses évolutions,
conservation des Grands Moulins, de la Halle aux farines, des Docks et tout
récemment de la Halle Freyssinet dans laquelle s’est ouvert en 2017 le plus
grand incubateur du monde. 210.000 m² de programmes universitaires ont été
réalisés et le projet d’aménagement sera prolongé autour du boulevard
périphérique d’ici 2020 avec le premier quartier de « tours » à
Paris depuis les années 1970.
A.M.B.