Résorption de l'habitat indigne
Vue sur des toits d'immeubles parisiens © Ph.guignard@air-images.net
La lutte contre l’habitat indigne est une préoccupation ancienne à Paris. Malgré les grandes opérations de rénovation urbaine des années 1970 et une amélioration considérable...
… du
confort des logements, Paris connaît dans les années 1990 une résurgence du
saturnisme infantile, des sinistres périodiques dans des immeubles vétustes et
des poches d’insalubrité toujours présentes dans certains quartiers du Nord et
de l’Est.
Pour
faire face à cette situation, l’Etat et la Ville de Paris affichent dès 2001
l’ambition d’éradiquer l’habitat indigne du territoire parisien en y consacrant
des moyens très importants et en mettant en œuvre de nouveaux outils de
traitement sur 1 030 immeubles dégradés regroupant au total plus de
22 000 logements. Des conventions publiques d’aménagement sont confiées à la
SIEMP et à la SEMAVIP pour acheter et transformer les immeubles les plus
dégradés. Des démolitions ou des réhabilitations lourdes sont engagées et les occupants
de ces immeubles acquis relogés. Une opération d’amélioration de l’habitat
dégradé (OAHD) et le renforcement des OPAH ont permis de réhabiliter 650
immeubles privés, en mobilisant les aides de l’ANAH et de la Ville de Paris
pour la réalisation des travaux.
Dès 2002 pour suivre
l’avancement de ces actions, la Ville de Paris et l’Etat demandent à l’Apur de
définir, mettre en place et animer un Observatoire du saturnisme, de
l’insalubrité et de l’habitat dégradé. Cet observatoire réunit les informations
transmises par les acteurs de la lutte contre l’habitat indigne : la Ville
de Paris, l’Etat, mais aussi leurs opérateurs (la SIEMP, la SEMAVIP, le Pacte
de Paris et Urbanis). L’observatoire a existé pendant toute la durée du plan.
Il a notamment permis d’établir des notes mensuelles d’état d’avancement des
opérations pour les personnes en charge du pilotage du plan.
L’étude, réalisée en 2007 sans
attendre l’achèvement complet des opérations engagées, s’appuie sur les données
de l’observatoire. Elle s’attache à présenter les principes du plan
d’éradication, à expliquer l’articulation des outils et exposer les premiers
résultats obtenus.
En avril 2007 près de 300
des 1 000 immeubles du plan sont sortis de l’indignité. En 2010, une fois
le plan achevé, l’ensemble des immeubles a été traité, grâce à la réalisation
de plus de 1,2 milliards d’euros de travaux. 4 800 ménages ont été
relogés, tous dans Paris. 3 200 logements sociaux ont été créés.
Compte
tenu de l’ancienneté des immeubles parisiens, une partie du bâti reste exposée
à
des
risques de dégradation. A la suite de l’achèvement du plan de résorption de
l’habitat indigne, une démarche de prévention se met en place en 2008. L’Apur
élabore avec de nombreux partenaires (Ville de Paris, Préfecture de Police de
Paris, Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du
logement, fournisseur d’eau …) « un outil de prévention de la dégradation
du bâti » qui se poursuit aujourd’hui avec l’Observatoire de la prévention
de la dégradation des immeubles d’habitation à Paris. Il s’agit de mieux
repérer les situations à risques, de permettre une intervention administrative
plus précoce et ainsi d’éviter que de nouveaux immeubles ne tombent dans la
spirale de la dégradation du bâti et, à terme, de l’insalubrité. L’objectif est
économique car l’accumulation d’immeubles dégradés impose des actions de
résorption coûteuses pour la collectivité. C’est aussi un objectif humain car
le risque de survenue d’un drame dans un immeuble dégradé n’est pas négligeable.
Le drame de l’incendie de
l’hôtel Paris Opéra en avril 2005 qui a fait 23 morts et la prise de conscience des conditions d’habitat déplorables
que subissent en particuliers les familles vivant dans les hôtels meublés, ont
conduit les pouvoirs publics à mettre en place un plan d’action spécifique en
direction des hôtels meublés parisiens, en complément du plan d’éradication de
l’habitat indigne. L’étude sur « les hôtels meublés à Paris » a
permis de dénombrer et caractériser les 650 hôtels encore en activité dans la
capitale en 2007 mais aussi de raconter les différentes actions mises en place
pour s’assurer du respect du bon état de salubrité et de sécurité de ces
établissements. Elle comporte aussi un éclairage sur la disparition progressive
de ces hôtels typiques des quartiers anciens et populaires parisiens.
S.J.
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