Les jeunes à Paris
Sortie de collège à Levallois © Apur - David Boureau
Très tôt l’Apur mène en complément des travaux de suivi des données du recensement des études sur des populations spécifiques, bénéficiaires de politiques publiques...
Au début des années 2010, un nouveau public interpelle, celui des jeunes. De
nombreuses actions sont mises en œuvre par différents acteurs institutionnels et
au sein de la Ville de Paris par plusieurs directions, sans que pour autant
cette politique ne soit très lisible. La Ville décide de créer une mission jeunesse
transversale pour mieux connaître et coordonner les actions conduites en
direction de ce public.
L’Apur accompagne le mouvement par la réalisation d’une
étude prospective. L’étude vise à nourrir la réflexion par un état des lieux
des différents profils de jeunes vivant à Paris ou fréquentant le territoire
parisien, une analyse de leurs pratiques et de leurs attentes. L’objectif est
de regarder ce que Paris apporte à la jeunesse mais aussi de mieux apprécier ce
que la jeunesse apporte à Paris, dans un contexte où ce public est encore largement
ignoré ou bien perçu de manière négative au travers des difficultés qu’il
rencontre ou des nuisances qu’il génère.
L’étude est l’occasion d’un renouvellement des méthodes en
combinant analyses statistiques, approches qualitatives et participatives. Elle
est réalisée par une équipe pluridisciplinaire qui rassemble des compétences en
démographie, sociologie mais aussi en urbanisme et en scénographie urbaine.
Elle comprend plusieurs axes d’analyse sur les modes de vie des jeunes ; leur
rapport aux équipements publics ; leurs pratiques dans l’espace public, les lieux
détournés et aménagements à imaginer.
Quatre types de travaux originaux et complémentaires sont
mis en œuvre : un atelier de travail réunissant plus de 80 acteurs qui permet
de croiser les regards et aide à faire émerger de premières pistes d’action, une
étude sur les politiques de jeunesse innovantes dans d’autres métropoles du
monde réalisée dans le cadre d’un partenariat avec Sciences po ; un documentaire
qui recueille le témoignage d’une dizaine de jeunes sur leur relation à Paris
et leurs attentes ; la production de cartes sensibles dans trois quartiers
parisiens qui donnent à voir les pratiques dans l’espace public.
L’étude permet d’esquisser l’image d’une « capitale de
la jeunesse » : les jeunes y forment un groupe très nombreux de près de
600 000 personnes en comptant ceux qui résident à Paris, ceux qui viennent
y étudier ou travailler. Elle souligne l’hétérogénéité de cette population,
dont une grande partie réussit à intégrer des parcours d’autonomie, tandis que
d’autres en général moins armés et plus défavorisés ont des parcours plus
difficiles et sont parfois confrontés à la précarité. En matière d’équipements
et d’accompagnement, l’étude met en évidence une certaine forme d’inadéquation
entre une offre trop programmée et des pratiques caractérisées par une
recherche d’informalité et de liberté. Il ressort de l’analyse qu’un changement
de regard s’impose sur la jeunesse, moins prescriptif et plus permissif,
prenant appui sur les pratiques.
Ce travail donne lieu à la publication d’un premier document
de synthèse en 2012. Il se poursuit les années suivantes par la réalisation
d’étude et de travaux plus ciblés. Un atelier est organisé avec un groupe de
jeunes du quartier de Paris Rive Gauche dans le 13e arrondissement pour
approfondir les premières analyses en les confrontant aux perceptions et
pratiques des jeunes. Les cartes sensibles coproduites avec eux font émerger
des pistes de réflexion et propositions très concrètes.
Ces travaux contribuent à alimenter la politique
renouvelée en direction de la jeunesse à Paris.
En savoir plus...