A la fin des années 1980, l’Etat et le conseil régional poursuivent, chacun de son côté, leurs réflexions sur la révision du schéma directeur régional de 1976. Les majorités politiques…
… sont
opposées, le débat se tend. Pour rapprocher les points de vue et poser des
bases partagées pour cette révision, Michel Rocard, Premier ministre, propose
la réalisation en commun d’un Livre blanc de l’Ile-de-France. Cette démarche
qui associe DRE, IAURIF et Apur débouchera sur des évolutions majeures dans la
conception de l’aménagement régional.
Depuis
quelque temps l’Apur réfléchit à l’évolution future des terrains formant la
couronne excentrique de Paris, intra-muros. Il est ensuite missionné par la Ville
de Paris et la Région, pour étendre la réflexion, en partenariat avec l’Institut
d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France (IAURIF), sur le
territoire situé de part et d’autre de la limite de Paris. Deux documents sont
issus de ces travaux : le « Schéma d’objectifs pour l’aménagement de
la couronne dans Paris » de1988 qui a fait l’objet d’une communication au
Conseil municipal, et « La couronne de Paris, anneau central de
l’agglomération. Apur-IAURIF, 1990 » ; ils défendent l’intérêt
d’une revalorisation de ces espaces à la rencontre de la capitale et de la
banlieue.
Pour
élaborer le Livre blanc, Michel Rousselot, directeur régional de l’Equipement, crée
une commission technique qu’il préside et qui associe les équipes d’urbanisme
de l’Etat (DRE), de la Région (IAURIF) et de Paris (Apur). Pierre Pommellet,
directeur général de l’IAURIF, et Nathan Starkman, directeur de l’Apur en sont
les vice-présidents
.
Pour l’Apur, cet exercice est une nouvelle – et encore rare – occasion de contribuer à
une réflexion à l’échelle régionale et, en particulier, d’exprimer ses idées
sur le rôle de la capitale et sur l’avenir des territoires riverains de Paris.
Au final, dans le document publié en janvier 1990, les analyses de la situation
et des risques pour l’avenir sont largement partagées par les différentes
équipes associées ; mais des points de vue différents (indiqués dans le
texte) apparaissent dans les explications mises en avant et, plus encore, dans
les pistes de solutions, surtout quand elles touchent aux compétences des
collectivités et à leurs finances.
Le Livre blanc
propose des priorités qui restent souvent d’actualité, même si le contexte a
beaucoup changé depuis : lutter contre les inégalités ; construire
plus de logements (20 000 à 30 000 par an sont proposés), en
particulier des logements sociaux ; renforcer les transports publics
(avec la création d’une grande rocade, déjà évoquée dans plusieurs documents
antérieurs)... Le rapport aborde les questions d’environnement, par exemple le
développement de la trame verte ou la réduction de la consommation foncière,
même s’il reste forcément timide au regard des préoccupations actuelles.
Mais des évolutions majeures sont proposées dans les grandes orientations de l’aménagement
régional. Le Livre blanc souligne ainsi : « Un premier choix
fondamental qui distinguerait fortement le nouveau schéma directeur de celui de
1965 porte sur l’espace central formé par Paris et les 3 départements de la
proche couronne. Des actions très volontaires devront y être menées pour
réduire les disparités, modérer les tensions sur les marchés fonciers et
immobiliers, améliorer les conditions de déplacement, mieux structurer et
rendre plus cohérent l’espace urbain… ». Trois pôles majeurs sont retenus
pour la zone centrale : La Défense, boucle de Gennevilliers,
Montesson ; Bercy-Tolbiac-Seine Amont ; Gare du Nord, Gare de l’Est,
Plaine Saint-Denis, La Villette, canal de l’Ourcq.
En grande
couronne, le Livre blanc entérine la poursuite des villes nouvelles, mais
souligne la limitation de leurs espaces disponibles ; il défend la
nécessité de deux nouveaux grands sites de développement: le pôle de Roissy et
la technopole du plateau de Saclay.
Les débats
sur l’aménagement régional se poursuivent au cours des années suivantes. Le
Conseil régional et la Ville de Paris publient des chartes d’aménagement
traduisant leurs idées La compétence
pour le schéma directeur relevant désormais du niveau régional
, le Schéma directeur de Paris de 1977 est abrogé
en 1992, mais l’essentiel de ses options restent inscrites dans les autres
documents d’urbanisme, le POS en particulier.
Le Schéma
directeur régional adopté en 1994 confirmera les options d’aménagement
proposées par le Livre blanc qui réintègrent les grands projets parisiens dans
les priorités régionales et retrouvent le point de vue défendu de longue date
par l’Apur sur le potentiel d’évolution de la première couronne, à partir de
son expérience des tissus de la capitale.
Aujourd’hui, après l’adoption d’un nouveau schéma
directeur régional d’Ile de France en 2013, et la création de la Métropole du
Grand Paris (MGP) en 2016, les exigences de lutte contre les inégalités, de
renforcement des transports en commun, de construction de nombreux logements…
demeurent des objectifs majeurs de la MGP pour « un développement plus
équilibré des territoires, en matière d’habitat, de mobilité, d’accès aux
services et équipement...»
1
N.S.
1 Délibération du Conseil de la Métropole du Grand Paris portant sur le SCOT
métropolitain le 15 Juin 2017.