L'économie et l'emploi à Paris
Carte sur les catégories socioprofessionnelles 1999 © Apur
En décembre 2000, la loi SRU est votée et révolutionne les documents d’urbanisme : le Plan d’occupation des sols n’est plus, c’est le Plan local d’urbanisme...
... qui le remplace. Ce document ne se limite plus à un zonage des
fonctions et des règles d’urbanisme. Il met en avant l’obligation pour la
collectivité locale de présenter de manière explicite, dans le rapport de
présentation, avant la définition des règles d’urbanisme, le “projet de
territoire” de la collectivité, c’est-à-dire l’exposé clair de ses intentions,
son projet politique de développement, sa stratégie d’aménagement de l’espace ainsi
que le diagnostic complet du territoire, à la fois urbain, environnemental et
socio-économique.
Concomitamment, les premiers résultats du
recensement de la population de 1999 sont publiés, révélant une baisse de
l’emploi préoccupante dans la capitale. La nécessité de faire un bilan de
l’état de l’économie parisienne et de la pertinence des politiques
d’aménagement portées par les services de l’Etat, en particulier à travers le Schéma
directeur de la région Ile-de-France de 1994 (rééquilibrage à l’Est de
l’emploi, polycentrisme, convention d’équilibre habitat-emploi) et des outils
de contrôle de la construction en Ile-de-France (agrément pour la construction
de locaux d’activité) s’impose. L’Apur initie une collaboration avec l’économiste,
Laurent Davezies, qui se traduira par la publication de trois rapports
successifs sur L’économie et l’emploi à
Paris, en 2002 et 2003.
Le premier tome montre que Paris se
distingue des autres villes-mondes (Londres, New-York, Tokyo) par une plus
faible densité d’emplois et une proportion importante d’emplois résidentiels
(tourisme, services à la personne etc.), ce qui fait d’elle plutôt une
"ville pour vivre" qu'une "ville pour travailler". Il
montre aussi une érosion de l’emploi et une montée du chômage et de la pauvreté.
Les choix d’aménagement tendent à diminuer le poids économique de Paris avec
pour dommage collatéral, l’affaiblissement de son effet d’entraînement sur
l’économie régionale voire nationale.
Le second volet révèle que cette chute du
nombre d’emplois concerne non seulement Paris mais l’ensemble de la région,
avec des ajustements structurels qui concernent des secteurs économiques encore
très présents dans l’hypercentre, comme les banques et les assurances. Elle est
aussi liée à la diminution alors observée du nombre d’habitants (diminution du
nombre d’emplois exercés auprès des ménages). Ces ajustements favoriseraient
dans l’hypercentre les fonctions de commandement et les activités à très haute
valeur ajoutée peu consommatrices de main d’œuvre, ce que confirme l’augmentation
de la masse salariale.
Le dernier tome de la trilogie confirme cette
analyse, en montrant que l’étalement vers l’ouest des métiers du
« business » n’est pas préjudiciable à Paris et que la capitale
confirme un rôle d’incubateur qui participe au rééquilibrage interne vers l’Est
parisien. Il identifie également deux freins à cette mutation de l’économie
parisienne : la réduction de la recherche publique en Ile-de-France et le
renchérissement de la vie parisienne qui exclut les classes moyennes de la
capitale. Ainsi, le maintien des classes moyennes et populaires via une offre
de logements adaptés et le maintien de la recherche publique dans Paris feront
partie des objectifs affichés dans le PLU.
L’Apur
apporte aux acteurs publics, des éléments de connaissance en capacité
d’orienter la vie de la cité grâce à des outils éprouvés et renouvelés (base de
données produites ad hoc) et s’inscrit dans un aller-retour permanent entre le
local et la macro. Ainsi, la robustesse des informations statistiques est
presque toujours accompagnée d’un travail de terrain car une ville se lit à la
fois par les chiffres et par le vivant. C’est cette itération toujours enrichie
de nouveaux items qui permet d’asseoir un diagnostic et d’élaborer des
propositions.
M.A.N. / S.R.
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