En 1971, dans une première enquête sur le quartier Montparnasse, et alors que la tour était en construction et le quartier Plaisance en démolition autour de la rue Vercingétorix, l’Apur interrogeait les mutations du secteur.
La transformation radicale d’un quartier populaire et industrieux en un pôle de bureau exceptionnellement dense en m² et excessivement visible dans l’espace parisien était en marche et ouvrait des questions nouvelles. Peut-on continuer à créer des pôles qui ne soient qu’« une simple concentration d'emplois de bureaux au droit d'une gare et d'un nœud de transports ; une juxtaposition de logements, de locaux professionnels et de transits, sans équipements et sans animation ; une rénovation d'envergure pour entreprises et résidents privilégiés ; une addition massive d'emplois et de population dans une zone toujours particulière de la Capitale…/… , une expression trop partielle du développement urbain qui autorise la spéculation et, lorsque ses effets se déclenchent alentour, bouleverse plus qu'ils n'entraîne la croissance de sa zone d'influence. » ? Le jugement porté par l’Apur est alors très négatif.
S’y ajoute une interrogation sur le choix de la desserte automobile alors que la création de l’autoroute dite « radiale Vercingétorix » est amorcée.
« … peut-être aurait-il été préférable de faire porter l'effort sur l'infrastructure de transports en commun, car – comme pour Paris – tout accroissement de la capacité de voirie a pour conséquence immédiate un afflux supplémentaire de véhicules, et non la réalisation de meilleures conditions de desserte. Il est à craindre, d'autre part, que les flux nouveaux d'automobiles, amenés par la radiale Vercingétorix, débouchent aux abords immédiats de la gare Montparnasse sur une infrastructure incapable d'assurer (notamment la rue de Rennes) ces débits supplémentaires. »
Trente-cinq ans plus tard (2005), alors que l’autoroute n’a jamais été réalisée, l’Apur constate, dans une nouvelle étude du quartier Montparnasse, que la population a changé et que, désormais, les cadres dominent, que le pôle tertiaire s’est considérablement consolidé (4 emplois pour 1 habitant) et que l’on vient y travailler massivement en transports en commun. Les flux de voyageurs y sont extrêmement denses. Il faut repenser les parcours piétons, laisser circuler les bus, intégrer les vélos. Le quartier est devenu un immense pôle commercial, mais le centre commercial de la Tour se porte mal, il est peu lisible et sa conception est obsolète. La nécessité d’un projet d’ensemble sur le quartier incluant gare, tour, espaces publics… conclut l’étude. La perspective d’un tel projet, capable de repenser les relations de la tour et de ses abords à la ville, est désormais dans l’air.
Au tournant des années 2010, plusieurs projets concomitants d’initiative privés sont à l’étude dans ce quartier, centre commercial de l’ilôt Gaîté, restructuration de la gare et rénovation de la tour et de son centre commercial. L’Apur est à nouveau sollicité pour aider à la coordination de ces projets, à leur mise en cohérence et à l’étude de leur impact sur les espaces publics. Des ateliers rassemblant tous les acteurs autour de la Ville de Paris sont organisés. On y discute de la maîtrise des flux de circulation, des circuits de bus, du stationnent des trop nombreuses motos, de la gestion des flux de marchandises mais aussi de l’embellissement des espaces publics, de l’adaptation au changement climatique, des arbres et de la largeur des trottoirs.
C. B.