Le site de la Seine, source du développement de Paris, a toujours accompagné son histoire. La structure monumentale de la ville s’organise notamment autour de son fleuve...
... qui est le seul site parisien inscrit au patrimoine mondial
de l’Unesco.
L’histoire des berges est intimement liée aux
grands évènements et changements sociétaux. A l’époque moderne, les grandes
expositions universelles se déroulent en bord de Seine, laissant en héritage la
tour Eiffel, le Trocadéro, le Grand Palais... Durant la période où l’on adapte
la ville à l’automobile, les voies sur berges sont réalisées.
Dans les années 1980, un projet
d’embellissement des quais est réfléchi avec une approche très patrimoniale à
laquelle l’Apur contribue. Les berges du centre de Paris sont requalifiées avec
une promenade en pavés de grès aux abords du musée du Louvre, le pont Neuf restauré
et les ponts illuminés. En 1999, l’Apur coordonne la rédaction du « Cahier
des prescriptions architecturales et paysagères pour la mise en valeur des
berges de la Seine dans Paris », co-écrit avec Ports de Paris, les architectes
des bâtiments de France (ABF), la Ville de Paris et Voies navigables de France.
A l’aube du changement de millénaire, une nouvelle
approche se développe attentive à la diversification des usages. La disparation
des installations portuaires dans Paris n’est plus d’actualité, les projets
mixent désormais dans le temps les usages. Les ports industriels sont aménagés
en temps partagés, le bord à quai est ouvert à la promenade lorsque les
installations portuaires sont repliées le week-end ; les voies sur berges
sont, chaque dimanche, réservées aux piétons et cyclistes et Paris Plage naît à
l’été 2002. L’engouement est tel qu’il conforte la municipalité dans le projet
d’une reconquête progressive et ambitieuse des voies sur berges des deux rives.
L’Apur est
sollicité en 2009 par la Ville de Paris pour réfléchir aux évolutions possibles
de ces voies. Plusieurs scénarios permettent à la municipalité de décider des
orientations du projet. Une mission « Berges de Seine » est mise en
place sous le pilotage du Secrétariat général, dans laquelle l’Apur est en
charge du plan programme, de la cohérence du projet spatial et de
l’accompagnement de l’équipe de programmation et de gestion du site. Il organise
plusieurs séminaires de travail réunissant les directions de la Ville, des
experts architectes, artistes, sociologues, l’Atelier international du Grand Paris(AIGP),
les services de l’Etat, pour partager les réflexions et enrichir le projet.
Le
projet retenu en avril 2010 diffère sur les deux rives :
-
rive
droite, il s’agit de transformer la voie Georges Pompidou en boulevard urbain, préservant
la circulation à court terme mais offrant des possibilités de promenade sur les
quais ;
-
rive
gauche, la voie sur berges est fermée à la circulation automobile sur sa
totalité, soit 2.3 km entre le musée d’Orsay et le pont de l’Alma pour que
chacun puisse s’approprier les 4,5 ha de ce cadre patrimonial unique.
La
requalification des quais rive droite, réalisée dès l’été 2012, ouvre la « colline »
des musées sur la Seine, près du palais de Tokyo et du musée d’Art moderne et au
droit du jardin des Tuileries. Elle concrétise une nouvelle promenade entre l’Hôtel
de Ville et le bassin de l’Arsenal, face à l’île Saint-Louis.
Rive gauche, la méthode de conception fait
vivre le projet radicalement différemment. L'expérimentation urbaine est
au cœur du processus : l’ouverture du site est une amorce pour ceux qui
viendront l’alimenter.
Deux contraintes sont majeures :
l’inondation et la réversibilité.Et
une réalité s’impose, celle d’un paysage magnifique. La transformation du
paysage n’est pas un préalable.
Le plan
programme, élaboré par l’Apur, met en évidence trois ports autour desquels se
développent trois grandes thématiques :
-
Port du Gros
Caillou, une dominante sport et nature ;
-
Port
Alexandre III, un pôle guinguettes jour/nuit ;
-
Port de
Solferino, une dominante culturelle.
La nature, parce que la Seine est un corridor
national de la biodiversité ; le
sport, parce que les espaces de pratique en plein air sont trop rares dans
Paris ; l
a culture car la Seine
relie des musées parmi les plus grands du monde ; et les activités
fluviales, puisque le Port de Paris est le premier port fluvial mondial.
Sur chacun de
ces ports, un site-objet est créé qui agit comme un déclencheur programmatique :
l’archipel de jardins flottants au port du Gros Caillou ; un restaurant
culturel dans la culée du pont Alexandre III ; l’emmarchement au pied du
musée d’Orsay, qui constitue un lieu potentiel de présentations scéniques.
Si le « projet
urbain » à long terme conserve parfois toute sa légitimité, il s’accompagne
aujourd’hui d’une souplesse et d’une réactivité qui lui permettent d’intégrer
les variations liées au contexte économique et les attentes des citoyens pour
des actions rapides et participatives. Pour la transformation des berges, il a
ainsi été retenu un mode léger, rapide et réversible, alimenté par une large
concertation, des ateliers et un pilotage en équipe projet très transversale
permettant de faire évoluer les usages selon les saisons, la semaine, le
week-end.
Le projet des
berges de Seine rive gauche a été une sorte de manifeste sur la façon de
réfléchir aux pratiques et dessins de l’espace public de la ville dense qui
s’est d’ailleurs poursuivi avec l’aménagement des places, de la petite ceinture
et du parc Rives de Seine.
P.P.
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