A la fois frontière administrative entre Paris et sa banlieue, physique et symbolique entre un Paris constitué et maîtrisé et une banlieue moins formalisée,...
... la question de la transformation de la limite de Paris traverse tout le XX
e
siècle pour aboutir au « schéma d’objectifs pour l’aménagement de la couronne
dans Paris », présenté au Conseil de Paris en 1988. Si ce document a eu
peu d’applications concrètes à son époque, il n’en demeure pas moins annonciateur
de nombre des transformations urbaines parisiennes contemporaines.
La couronne de Paris représente près de 10% de
la superficie du territoire parisien. Sur ses 35 kilomètres de longueur et 400
mètres d’épaisseur, elle comprend deux cercles concentriques. Le premier est principalement
constitué des immeubles HBM (habitation à bon marché), qui représentent 40.000
logements construits sur l’emplacement de la fortification de 1845. Le second
cercle de 250 mètres d’épaisseur, la ceinture verte, accueille des parcs, des
jardins, des terrains de sport, quelques grands équipements comme le parc des
expositions de la Porte de Versailles ou le stade Charlety, 6.000 logements
sociaux construits dans les années 1950 et 1960 grâce à la Loi Lafay, mais malheureusement
situés le long du boulevard périphérique, véritable autoroute urbaine achevée
en 1973.
En 1985, une loi abroge la loi Lafay de 1953
et ses règles de compensation. Ainsi, s’il est toujours possible de construire uniquement
20% de la ceinture verte, il n’est plus obligatoire de compenser les nouvelles
surfaces urbanisées par la création d’espaces verts dans le centre Paris. Elle devient
alors un lieu de projets possibles puisqu’à l’époque seulement 5 à 10% de sa
superficie sont bâtis. Elle appelle donc une approche globale pour sa
reconquête.
Le schéma d’objectifs pour l’aménagement de la
couronne dans Paris s’inscrit dans la lignée des grands plans stratégiques de
l’Apur, tels le schéma d’aménagement et d’urbanisme de la Ville de Paris (SDAU)
de 1977 ou le plan programme de l’Est parisien de 1983.
Le document est court et synthétique. Il
développe 4 thèmes d’interventions principaux :
-
structurer et embellir les espaces
publics ;
-
affirmer la vocation d’équipement et
de ceinture verte ;
-
reconquérir certains espaces ;
-
maîtriser les échanges et renforcer la
desserte.
Si c’est un document parisien, la carte
d’ensemble n’en montre pas moins un nouveau regard porté sur les communes
limitrophes car, de part et d’autre de la ceinture, le fond de plan a la même
épaisseur dans Paris que dans les
communes limitrophes. C’est l’une des premières fois que l’Apur produit un tel
document.
Le texte du schéma n’en est pas moins
révélateur de ce changement de regard, parlant d’un « territoire
dévalorisé, mais inscrit dans le cœur de l’agglomération ». Qui plus est,
le document montre les continuités de tissus urbains ou des proximités entre
les caractéristiques sociales et professionnelles des populations de certaines
parties de Paris et des communes riveraines : « la Couronne
n’est donc pas un espace isolé et atypique : elle s’inscrit dans cette
continuité complexe du centre de l’agglomération de Paris ».
Ce document incarne déjà la volonté d’ouverture
de Paris vers la banlieue. Il aura des effets limités mais concrets avec les
projets de la porte des Lilas et de la porte d’Aubervilliers, les grands
équipements de la porte de Charenton (Dojo),
ou de la porte de Gentilly (reconstruction de Charlety).
Après 2001, la mise en place du GPRU (Grand
projet de renouvellement urbain) sur la couronne de Paris crée un réel espace
de projet pour surmonter les handicaps de ce territoire d’interface entre Paris
et ses voisins jusqu’alors délaissé. Il se déclinera en une série de projets
locaux sur les portes. La requalification de la couronne se concrétisera surtout
par la mise en œuvre du tramway sur le boulevard des Maréchaux en 2007.
En 2013, l’Apur établit un nouveau projet
global sur la ceinture verte dont les objectifs sont intégrés au plan
Biodiversité de Paris.
Aujourd’hui avec les réflexions sur le devenir
du boulevard périphérique et sur la transformation des portes en places s’ouvre
une nouvelle ère de projets sur la couronne, inscrits dans l’adaptation de la
métropole au changement climatique et la réduction des coupures urbaines au
sein de l’espace métropolitain.
Y.B.
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