La charte d'aménagement des espaces civilisés
Espace civilisé boulevard de Rochechouart : piste cyclable avec cyclistes © Apur
Guide méthodologique d'approche et de traitement de l'espace et de ses usages, la charte définit une culture commune et élabore des outils cohérents pour…
… un projet d'ensemble. Les équipes
projets variant selon les espaces concernés et les directions de la Ville,
l’objectif est de favoriser la mutualisation des approches et des données.
Dans les années 1990, de grands
concours ont été organisés pour le réaménagement de l’avenue des Champs-Elysées
et du boulevard Richard-Lenoir. Ces grands projets ont permis un embellissement
des axes prestigieux de la capitale, favorisant les élargissements de
trottoirs, les nouvelles plantations et la mise en place de mobiliers et
revêtements très dessinés et robustes.
En 2001, Bertrand Delanoë, maire de
Paris, a souhaité poursuivre les requalifications des espaces publics parisiens
en développant le concept d’espaces civilisés. C’est ainsi que le boulevard
Magenta a été réaménagé en 2006 tout comme le boulevard Clichy-Rochechouart, l’avenue
Jean-Jaurès et la place de la République.
Les espaces civilisés sont en premier
lieu des espaces où les surfaces sont reparties équitablement entre les différentes
fonctions et catégories d'usagers sans que l'une, par sa force, sa taille ou sa
vitesse, ne s'impose aux autres. Si cette notion intègre les objectifs généraux
mis en avant pour l'ensemble de l'espace public parisien, un meilleur partage en
faveur des piétons, des transports en commun et des circulations douces, elle
concerne spécialement les grands axes structurants qui sont des lieux de conflits
d'usage. L'espace civilisé est une voie ou une place publique où cohabitent en
bonne harmonie et dans les meilleures conditions de circulation et de sécurité,
les différents modes de déplacements. Il propose une approche globale de l'espace
public, traitant à la fois de l'aménagement de la voirie, de l'occupation des
rez-de-chaussée des immeubles et de l'évolution du bâti, l'objectif général
étant de changer l'ambiance et de retrouver une qualité de vie sur des axes
très routiers.
La Charte est le résultat d’une
réflexion commune menée par l’Apur en lien avec la direction de la Voirie et
des Déplacements, la direction de l’Aménagement urbain et de la Construction,
la direction des Parcs, Jardins et Espaces verts et celle de la Propreté et de
l’Environnement. L’Apur, sollicité pour sa transversalité et sa capacité de
dialogue avec chacune des directions, assure l’animation du groupe de travail
et la première version de la rédaction de la charte, soumise aux directions.
La charte comprend un volet
méthodologique pour élaborer le diagnostic et développe une partie intitulée
« Un territoire de compromis pour un aménagement contextuel ». En effet, le cumul de l’ensemble des demandes
de couloirs de bus protégés, d’aménagements cyclables séparés, de larges
trottoirs tout en maintenant une certaine circulation automobile est bien
souvent impossible dans la configuration d’espaces publics existants ; il
manque parfois 2 m seulement. Les aménagements des Champs-Elysées et du
boulevard Richard-Lenoir ont été réalisés dans les années 1990 sans couloirs de
bus et aménagements cyclables, choses désormais inimaginables. A partir des
années 2000, le rééquilibrage des espaces publics en fonction des usages commence
à s’amorcer ; la fin des axes rouges parisiens est actée.
Les études qui suivront dans les
années 2010 iront toutes dans le sens d’une meilleure prise en compte des
usages, des attentes des habitants et des rythmes de la ville.
L’Apur accompagnera la Ville de Paris
sur le réaménagement de la place de la République en réalisant l’étude
tridimensionnelle qui servira de socle au diagnostic présenté en concertation,
en contribuant au cahier des charges du concours et à la CAO. L’aménagement
réalisé montre une diversification des usages de la place et un changement d’ambiance
réussie.
Les études plus récentes pour
accompagner la mutation de sept nouvelles places majeures de Paris sont une
nouvelle étape vers des aménagements plus libres et plus participatifs.
Enfin, « l’Atlas de l’espace
public parisien » de 2016 documente sous la forme d’un recueil
cartographique les lieux singuliers, le contexte urbain, les caractéristiques
physiques, les mobilités et les usages, l’environnement et la nature en ville
de chaque arrondissement parisien, permettant à tous les acteurs d’y trouver
des espaces appropriés selon qu’il s’agit de verdir l’espace ou d’y installer
des nouveaux services.
P.P.
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