Protection du Faubourg Saint-Antoine
Projet de modification du plan d'occupation des sols - Pour une protection vivante du faubourg Saint-Antoine
Cour Titon, faubourg Saint-Antoine - Paris 12e arr. © Apur
Cette étude de l’Apur donne lieu à une démarche innovante pour mieux accorder les règles du POS aux caractéristiques de ce faubourg si particulier. Parmi les mesures...
... prises, le nouveau regard sur la protection patrimoniale et la méthodologie mise en place pour son
élaboration mérite d’être souligné. Ce travail va également constituer un laboratoire
à l’origine de nombreux éléments méthodologiques et réglementaires pour
l’élaboration du Plan local d’urbanisme (PLU).
Le
travail de l’Apur sur la protection sur faubourg Saint-Antoine fait partie des
études locales approfondies développées à partir de la fin des années 1980 pour
chercher à mieux préserver certains quartiers de Paris à forte identité mais dont
le tissu urbain recèle encore des potentialités d’évolution, notamment au
« coup par coup », susceptibles d’en altérer le caractère.
Au
début des années 1990 plus de 15 ans sont écoulés depuis la mise en application
par anticipation, en 1974, des règles du POS finalement approuvé en 1977. Force
est de constater que ces règles conduisent, dans certains cas, à la disparition
de formes urbaines identitaires, au déséquilibre de la diversité des fonctions,
voire à la dégradation de l’aspect de quartiers par l’intrusion de
constructions neuves apparaissant incongrues. Les habitants, les associations,
les élus locaux s’émeuvent de ces évolutions. Dans ce contexte l’Apur est
chargé par la Ville de Paris d’imaginer comment faire évoluer les règles du
POS, voire d’en mettre en place de nouvelles de façon à mieux assurer le
respect du caractère de ces quartiers.
Fort
des travaux déjà conduits en ce sens depuis 1989, avec le concours
d’architectes et d’historiens de l’architecture reconnus, sur plusieurs
quartiers : Butte aux Cailles, Montorgueil, Champs-Elysées, Mouffetard,
Montmartre, l’Apur entreprend pour le faubourg Saint-Antoine des études
préalables dès 1993. Au-delà de la recherche de règles morphologiques plus
adaptées à la spécificité du tissu urbain du Faubourg, respect des alignements
de fait, gabarits et couronnements adaptés à l’environnement immédiat,
organisation du bâti en cœur d’îlot perpétuant l’espace libre central,
protection d’espaces libres et plantés, traitement des façades différencié
selon l’environnement et d’une réflexion sur le maintien de la diversité des fonctions…
C’est la notion de patrimoine et de son identification qui sont au cœur de la
démarche. Plusieurs réflexions ou études sont conduites dans ce cadre avec le
concours de François Loyer et Jean-Baptiste Minnaert.
Un
document cartographique croisant les principales époques architecturales des
bâtiments avec leur intérêt, établi sur la base de recherches documentaires et
d’analyse de terrain est dressé pour les quelques 4000 bâtiments du périmètre
d’étude.
A
l’issue de ce travail 300 corps de bâtiments sont proposés pour être protégés
dans le cadre du nouveau POS particulier. Il s’agit des plus représentatifs de
chaque période de construction, mais aussi d’éléments constituants du paysage
urbain (bâtiments d’angle en perspective, immeubles mitoyens à l’architecture
ordonnée, éléments pittoresques ou monumentaux…) Ce sont aussi 45 cours
intérieures particulièrement caractéristiques du tissu du faubourg Saint-Antoine
et de son activité artisanale qui sont protégées.
Ce
dispositif de protection d’ensemble qui est adopté par le Conseil de Paris le 8
juin 1998, tient ainsi une place toute particulière et novatrice dans
l’histoire de la protection patrimoniale de tissus urbains de quartiers
« non historiques ».
Cette
approche approfondie sur les composantes du tissu urbain et le paysage nourrit l’étude
engagée par l’Apur à la fin des années 90 sur l’analyse des tissus urbains sur
l’ensemble du territoire parisien. Cette étude vise, entre autres, à déterminer
de nouveaux secteurs de la capitale susceptibles de faire l’objet de POS
particuliers. La mutation du POS vers le PLU, suite à la loi SRU de 2000, met
un terme à la mise en place de POS particuliers.
Cependant,
toutes les dispositions retenues pour la protection et la mise en valeur du faubourg
Saint-Antoine et des autres quartiers objet de POS particuliers sont reprises dans
le PLU. En outre, les mesures et la majorité des outils de protection et de
mise en valeur pour le paysage des rues, des espaces intérieurs et du
patrimoine imaginés pour ces POS particuliers et notamment pour celui du faubourg
Saint-Antoine vont être étendus dans le cadre du nouveau règlement à l’ensemble
du territoire parisien.
M.C.