Plan directeur de mise en valeur des canaux de la Seine à La Villette
Vue sur le canal Saint-Martin (bassin de l'Arsenal) © Apur
Dès l’abandon du projet d’axe nord sud en 1972, les études sur le renouveau du canal Saint-Martin démarrent. Son rôle dans la ville et ses usages sont à redéfinir,...
... alors que tous annoncent la fin du fret fluvial au profit du routier. Voué à l’assèchement entre la place Stalingrad et la Seine au profit de l’autoroute urbaine, cerné par les projets de rénovation qui se poursuivent et dont l’exemple le plus emblématique est la construction d’une tour de logements en bordure du bassin de la Villette, quel peut être son avenir ?
Après les premiers projets dessinés par l’Apur, qui montrent le canal de l’Ourcq et le canal Saint-Martin remodelés, élargis par endroit, entourés de constructions nouvelles, il s’agit plutôt, à la fin des années 1970, de reconquérir. D’abord ses berges, en supprimant les parkings qui les occupent au profit d’un quai piéton rendu aux pêcheurs et aux badauds ; puis ses rives bâties, par l’abandon des opérations d’urbanisme trop destructrices ; enfin son paysage, par la plantation de rangées d’arbres d’alignement, depuis la rue du Faubourg-du-Temple au sud, jusqu’au rond-point des canaux au nord.
Qui se souvient encore aujourd’hui, lorsqu’il marche sur le quai de Jemmapes, d’un canal sans peupliers, bordé de longs alignements de voitures aux pare-chocs suspendus au-dessus de l’eau ?
Ces travaux d’embellissement vont se dérouler jusqu’à la fin des années 1980, sous la houlette de la direction de la Voirie qui met en œuvre le projet dessiné à l’Apur. Ils feront école, notamment sur le réemploi des vieux pavés qui sont sciés pour servir de revêtements de sols ; dont l’usage est testé sur les chemins de halage du bassin de la Villette et qui seront ensuite utilisés par l’équipe de Bernard Tschumi dans le parc de la Villette.
Nouveau paysage, nouveaux usages, le bassin de l‘Arsenal est transformé en port de plaisance en 1983. L’Apur dessine le projet et commence à définir les nouveaux usages possibles du canal : tourisme, promenade en bateaux, jardins sur les berges, pique-nique… ouvrant un nouvel avenir au canal. A partir de 1986, le parc de la Villette devient le navire amiral de ce long parc linéaire qui joint les portes de Paris à la Seine. Suivent alors la reconversion de la rotonde de Ledoux en café, l’installation du cinéma MK2 dans les entrepôts du bassin de la Villette et de la base nautique, le départ du Point P, vendeur de matériaux de construction sur le bassin Louis-Blanc, au profit du Point Ephémère, en 2004, lieu culturel et festif et caserne de pompiers…
Le Schéma directeur d’aménagement et de mise en valeur des canaux de la Seine à la Villette, élaboré en 1988, alors que certains chantiers sont en cours ou déjà achevés, est à la fois un plan guide et une synthèse de la nouvelle doctrine qui cadre les interventions des directions techniques de la Ville de Paris. Il inscrit dans un projet global les actions de chacun et pose les invariants des interventions en cours et futures. Ce sera notamment la consultation de concepteurs pour la requalification du boulevard Richard-Lenoir (1991), le projet de la place de Stalingrad par Bernard Huet, architecte, (inaugurée en 1989), la reconstruction d’un des deux magasins généraux qui encadrent le pont levant de la rue de Crimée après sa destruction par un incendie le 10 février 1990.
Dans ce schéma directeur il est écrit qu’« Admettre une plus grande polyvalence d’utilisation du canal est la seule manière de ne pas stériliser les plans d’eau… », et plus loin, qu’« Aux nouveaux usages de l’eau dont on ne peut encore totalement prévoir l’entier développement est directement liée la reconversion de toute une série d‘espaces et de bâtiments riverains. ». En relisant ces phrases en 2017, on ne peut que mesurer le chemin parcouru jusqu’à Paris Plage et sa baignade désormais admise dans le bassin de la Villette, et sa métropolisation avec « l’été du canal », la piste cyclable jusqu’à Meaux et, demain, le retournement de la ville vers le canal de l’Ourcq à travers les projets d’aménagement qui s’égrènent de Pantin à Sevran et les Jeux Olympiques en 2024 qui engloberont le site du canal Saint-Denis.
C.B.
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