L’immobilier de bureaux représente une surface bâtie d’environ 18 millions de m² à Paris et près de 40 millions de m² pour son agglomération en 2017. C’est l’un des tous premiers parcs au…
… niveau mondial et le premier en
Europe avec Londres. C’est dire l’importance que revêt ce sujet depuis la
création de l’Atelier. Le 2
e numéro de « Paris Projet »,
paru en 1970, y consacre sa couverture en posant la question de savoir si Paris
est devenu une ville de bureaux ?
Depuis la révolution
industrielle, les bureaux s’étaient situés au plus près des activités de
fabrication et les accompagnaient. Après la Seconde Guerre mondiale, avec le
développement de la société de services, la nécessité de nouveaux quartiers
d’affaires où l’on construit des immeubles de bureaux modernes et fonctionnels
se fait sentir, à la fois dans Paris intra-muros et en banlieue. Un double
mouvement s’engage, désindustrialisation d’un côté, tertiairisation de l’emploi
de l’autre et de très importantes opérations voient le jour qui vont
transformer radicalement la ville, son paysage, mais aussi la structure de l’emploi
dans Paris. A partir des années 1960, la construction du quartier de la Défense
est engagée pour doubler à l’Ouest, le quartier d’affaires traditionnel de
Paris. Dans Paris, les opérations Maine-Montparnasse et Gare de Lyon sont conçues,
à l’inverse, comme des pôles destinés à rééquilibrer les zones d’emplois vers l’Est
et autour des gares. Plus récemment, en
banlieue, à Saint-Denis/Pleyel ou
Boulogne/Issy les Moulineaux… La formation, à Paris et dans sa région, d’un
véritable marché immobilier de bureaux ne date, en réalité, que des années
1970.
Il est demandé à l’Apur, dès sa
création, d’observer l’évolution de ce nouveau marché immobilier et le développement des nouveaux pôles d’emploi qui seront
inscrits dans le SDAU de 1977. Y a-t-il trop de bureaux à Paris ou pas
assez ? Faut-il transformer une partie des logements en bureaux dans
certains quartiers ? sont les questions que les premières études de l’Apur
sur les bureaux se posent. Ainsi, en mars 1981, l’étude « Les bureaux à
Paris de 1970 à 1980 » alerte sur la chute de la construction d’immeubles
tertiaires à Paris due principalement à la politique de l’agrément
1.
Les grands sièges sociaux et établissements des entreprises industrielles
désireuses de se restructurer sont, de ce fait, amenés à quitter la capitale.
On craint alors une spécialisation au profit des administrations publiques et
la réduction du rôle économique de la capitale. En même temps, une note de l’Apur de mai 1983 « Les
entreprises industrielles de plus de 100 salariés » fait le constat du
départ massif des entreprises de production de Paris et la disparition
définitive du Paris industriel. Désormais l’emploi ne sera plus que tertiaire.
Dix ans plus tard, l’Apur, dans l’étude
de mars 1994 sur « Le marché de bureaux à Paris et en Ile-de-France »
décrit parfaitement le fonctionnement cyclique du marché immobilier des bureaux.
Entre 1985 et 1988, après la période de marasme, plusieurs faits concourent à la
fois à une forte reprise de la construction et à la modernisation du parc
vieillissant dans un contexte de reprise économique. Ces analyses amènent
la suppression de la procédure d’agrément et la révision du POS de Paris de
1989 pour introduire la règle du « COS de fait » qui autorise la
reconstruction sur place, dans la même proportion, des surfaces existantes. Il
en résulte une flambée des prix qui doublent en 5 ans, et une politique de
« façadisme » qui consiste à reconstruire entièrement les immeubles
haussmanniens du quartier des affaires derrière la seule façade conservée de
l’existant. Puis à nouveau, le cycle s’inverse en 1991, quand les perspectives
économiques se dégradent. L’Apur analyse le phénomène. Les banques qui
financent une grande partie des constructions, se rendent compte des risques considérables
encourus par de nombreux opérateurs qui parfois n’ont même pas investi
eux-mêmes d’argent dans les opérations. Les crédits sont stoppés brutalement.
Les mises en chantier de nouveaux immeubles de bureau s’effondrent, d’autant
que de nouvelles règles sont intervenues entre-temps qui limitent la
construction qui paraissait déjà
excessive : l’agrément est rétabli en 1990 ; début 1991, La Ville
de Paris accepte de conclure avec l’Etat une convention qui oblige à maintenir
pour plusieurs années un équilibre entre les bureaux et les logements autorisés
à la construction.
D’autres études plus récentes de
l’Apur comme « Construction de locaux tertiaires dans le centre de
l’agglomération » de 2005 ou « Recensement et dynamiques du parc de
bureaux » de 2017, s’attachent, elles, à décrire plus précisément le parc
métropolitain mais c’est avec un objectif bien différent, il s’agit désormais
de préparer les nécessaires transformations des immeubles de bureaux pour
répondre à la fois à l’exigence environnementale, à la nécessité d’une sobriété
énergétique qui est loin d’être acquise, et aux nouvelles façons de travailler, plus
nomades et plus connectées.
F.M.
1 Les
promoteurs doivent demander une autorisation à l’Etat pour pouvoir construire
des immeubles de bureaux. Pour des motifs de rééquilibrage de la métropole,
cette autorisation est très souvent refusée dans le Quartier central des affaires.
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