Offrir plus d’espaces verts pour la santé, la récréation et le plaisir des Parisiens : c’est un objectif permanent, au cœur de toutes les politiques d’aménagement…
… de la ville. Haussmann, initiateur du premier « système » de jardins à
l’échelle de Paris, évoque cet objectif dans ses mémoires. Depuis deux
décennies cette préoccupation persistante a été redéfinie et élargie ; le
développement de la nature en ville reste un thème prioritaire qui inclut
désormais les nouveaux enjeux écologiques de la biodiversité et de la lutte
contre le réchauffement climatique. L’Apur, depuis sa création, a toujours
travaillé sur ces sujets
.
Une première étude est bouclée au début 1970 :
« Eléments de recherche pour une politique des espaces verts ».
L’approche reste assez générale, même si beaucoup d’aspects sont évoqués, du
cadre juridique à l’aménagement physique des jardins. Des calculs normatifs
mesurent l’immensité de besoins face à des disponibilités foncières limitées.
Et les conclusions pointent déjà le rôle décisif des futures opérations
publiques et l’intérêt d’agir sur les espaces privés par la préservation des
jardins existants et l’encadrement des réalisations des promoteurs. Signe du
temps, les jardins sur dalles, en particulier au-dessus des parkings, sont
présentés comme l’une des solutions d’avenir.
Cette démarche est reprise, mais nettement approfondie à la fin des
années 1970, dans une nouvelle étude qui aboutira au Schéma directeur des
espaces verts de 1980.
L’objectif est de définir un réseau de jardins et squares à portée
piétonne des habitants, répondant à leurs différentes pratiques. Il s’agit
aussi de proposer un programme à moyen terme d’interventions concrètes pour
compléter ce réseau.
L’étude s’attache d’abord à la connaissance des usagers, de leurs
pratiques et de leurs attentes, grâce à une enquête lourde (1900
questionnaires, dans 48 parcs et jardins). Puis, sur cette base, sont définis
et localisés les besoins de créations nouvelles, mais aussi d’équipements
spécifiques pour les jeunes, les adolescents, etc.
Le rapport souligne l’importance exceptionnelle des projets en cours ou
ayant fait l’objet d’une décision et qui devraient être achevés avant la fin des
années 1980 : quelques 40 équipements couvrant plus de 80 hectares, dont 4
parcs (Vaugirard, Citroën, Bercy, La Villette liens avec ces projets
d’aménagement).
A plus long terme, plus d’une trentaine de possibilités prioritaires
sont recensées. - Elles se situent pour l’essentiel dans les opérations
publiques ; le rapport reprend et précise les orientations du Schéma directeur
d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) de 1977, qui inscrit des jardins sur les
grands terrains mutables. Il insiste également sur la création des promenades
le long de la Seine et des canaux.
-
D’autres propositions concernent des réserves du POS ; mais le schéma
souligne la nécessité de réétudier ces réserves, beaucoup n’étant pas crédibles
parce qu’elles contiennent des bâtiments importants et solides ou qu’elles
accueillent de nombreuses activités industrielles et artisanales qui
mériteraient d’être préservées. Les révisions successives du POS dans les
années 1980 donneront l’occasion de redessiner ces réserves pour aboutir à des
jardins de quartier comme le square des Deux Nèthes dans le 18e
arrondissement.
-
Des pistes sont ouvertes pour les zones qui restent sous-équipées :
amélioration des plantations et des équipements dans les jardins existants,
reconquête d’espaces de voirie, ouverture au public de jardins privés (déjà
protégés par le POS)création d’« espaces verts de poche » ou de «
décors plantés ». Face à la raréfaction prévisible des opportunités foncières,
le schéma préconise une veille sur les grandes emprises, même si elles
n’apparaissent pas mutables à moyen terme.
Ces propositions et ces idées ont été largement concrétisées au cours
des deux décennies suivantes, particulièrement dans les nouvelles opérations
publiques comme Paris Rive Gauche.
Après 2000, les nouvelles études menées sur le thème de la nature en
ville vont progressivement traduire la prise de conscience croissante des défis
écologiques. En 2005, l’étude
« Réaliser
de nouveaux jardins. Comment végétaliser Paris ? » reprend en partie les
approches classiques : bilan complet des parcs et jardins et recherche de
projets nouveaux, principalement issus des opérations publiques et des réserves
du POS. Mais elle développe surtout, face à la pénurie du foncier où à son coût
excessif, l’idée d’une trame végétale pénétrant partout dans la ville pour en
adoucir la minéralité. Une panoplie complète de solutions de végétalisation est
décrite, dans les espaces publics comme privés, au sol, en terrasse, en toiture
ou sur les murs et les façades.
Après les lois issues du Grenelle II, le regard évolue encore. L’étude
« Situation et perspectives de la place de
la nature à Paris » de 2011met en avant « un nouveau rôle de la
nature ». L’objectif est de concilier nature, écologie et usages. Il se décline
en défense de la biodiversité, invention de la trame verte et bleue, réduction
des gaz à effet de serre et des îlots de chaleur…Un nouvel arsenal
écolo-technique s’impose, ce qui « suppose un changement profond de nos
conceptions de la beauté des paysages et une transformation de la culture
horticole des jardins ». L’Apur détaille ces nouvelles méthodes en 2013 pour la
végétalisation des toitures et en 2016 pour celle des murs et des rues et ouvre
ses réflexions à l’échelle métropolitaine (cimetières, bois, canaux etc.).
N.S.
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