La remise en valeur des Bois de Boulogne et de Vincennes - Paris Projet n°18
Le bois de Vincennes en 1977 © Apur
Au XIXe siècle, les bois de Boulogne et de Vincennes sont cédés par l’Etat à la Ville de Paris pour qu’elle les aménage en promenades publiques. Ils font partie du système...
… mis en place par l’ingénieur Charles-Adolphe Alphand dans le cadre des grands travaux : le réseau des
voies plantées relie les squares, les jardins et les parcs mais aussi les bois,
réaménagés. Un siècle plus tard, les équilibres paysagers et économiques définis
au XIXe siècle entre les concessions et les espaces naturels ou
entre les espaces boisés et les espaces ouverts sont remis en question par les
aménagements, les pratiques et le manque d’entretien.
Si
à la fin des années 1970 la Ville de Paris demande à l’Apur de travailler à un
plan de remise en valeur des bois de Boulogne et de Vincennes, c’est d’abord
pour répondre à une forte demande d’« espaces verts ». Le premier choc
pétrolier est venu interrompre une longue période de croissance mais l’équipement
en automobile des ménages se poursuit, de grandes Zones d’aménagement concerté
(ZAC) façonnent de nouveaux quartiers dans la capitale et la qualité de vie
s’invite dans les débats publics. Les deux bois, par leur superficie, 845 ha
pour le bois de Boulogne et 995 ha pour le bois de Vincennes, peuvent
contribuer à répondre à cette aspiration mais ils sont situés à l’écart de la
ville. Ils sont traversés par des dizaines de milliers de voitures en transit
chaque jour. En fin de semaine, les voitures des visiteurs envahissent les allées
et parfois les sous-bois. Les scènes pittoresques et la trame d’eau,
artificielle, sont aussi mises à mal.
La
méthode de travail mise en place à l’Apur s’appuie d’abord sur un travail très
minutieux de terrain, de prise de notes, de cartographies. Elle vise à
comprendre la singularité de ces espaces, replacés dans leur contexte
historique, géographique, social. En interne, l’équipe comprend architecte,
ingénieur, généraliste, enquêteur, dessinateur. Les résultats sont interrogés à
différentes échelles : locale, parisienne, ou métropolitaine avec la
circulation automobile de transit ou l’origine des visiteurs. Ce travail est
mené en lien étroit avec les circonscriptions des parcs et jardins de la Ville
de Paris, avec la conviction que la gestion au quotidien d’un tel espace fait
partie intégrante du projet. Cette collaboration, poursuivie par la suite, sera
d’ailleurs l’occasion de belles rencontres avec des femmes et des hommes de
terrain passionnés, forces de propositions et garants de savoir-faire précieux,
comme pour la gestion de la ressource en eau.
Le
projet de réhabilitation finalement proposé au Conseil de Paris à la fin des
années soixante-dix qui fait l’objet du Paris
Projet n° 18 identifie trois axes : les difficultés d’accessibilité
des bois, l’envahissement par l’automobile et le morcellement de l’espace. Il
décline des propositions, dont certaines apparaissent désormais marquées par
leur époque dans les questionnements comme dans leur esthétique, par exemple
l’aménagement paysager proposé pour le carrefour de Longchamp dans le bois de
Boulogne, non réalisé.
Les
travaux ultérieurs menés à l’Apur sur les bois s’inspireront de cette
méthode : le schéma directeur du Bois de Vincennes et son actualisation en
2009, l’ouverture au public des concessions du bois de Boulogne, en particulier
le Tir aux Pigeons ou l’hippodrome d’Auteuil, la valorisation de la ressource
en eau, l’intégration des aires d’accueil des gens du voyage ou le
réaménagement de l’avenue de Nogent… Dans les propositions, l’Apur privilégiera
souvent des améliorations substantielles à un état jugé idéal. Certains
arbitrages délicats dans les projets ont fait l’objet de débats et ont parfois
donné lieu à des propositions de compensations. Comme l’étude initiale de
remise en valeur de 1978, ces travaux reflètent les questionnements de leur
époque et l’évolution du regard porté sur les bois sur un temps long. De
nouveaux sujets ont fait leur apparition : le rôle des bois pour la
biodiversité ; l’infiltration des eaux pluviales ; les modes de
gestion arboricoles, suite aux dégâts de la tempête de 1999 ; le rapport
du bois avec ses rives et ses habitants ; l’organisation des Jeux
Olympiques de 2012, la baignade…
L’ensemble
des travaux de l’Apur sur les bois a été salué par le rapport de mission
relative à la gestion des sites classés du bois de Boulogne et du bois de
Vincennes en novembre 2009.
A.M.V.
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