Le déséquilibre entre l’Est et l’Ouest de Paris est ancien. Il demeure aujourd’hui à bien des égards, à commencer par la présence des populations défavorisées à l’Est, mais il était…
… beaucoup plus frappant trois ou quatre décennies en
arrière. La volonté de réduire ces disparités à l’intérieur du territoire
communal est à l’origine du Plan programme de l’Est de Paris, préparé par
l’Apur en liaison avec les services de la Ville, qui fait l’objet d’une
communication au Conseil de Paris en novembre 1983.
Le Plan programme de l’Est parisien couvre sept
arrondissements : 10
e, 11
e, 12
e, 13
e,
18
e, 19
e et 20
e, accueillant plus de 45% de la
population parisienne. C’est un document singulier, ni un schéma d’aménagement
(peu envisageable à une telle échelle), ni un programme de réalisations et d’engagements
de dépenses ; il n’a pas de valeur réglementaire ; c’est un document
d’engagement de la Municipalité, mais qui est présenté peu après les élections
municipales.
L’idée centrale est d’illustrer une ambition pour l’Est de Paris, puis de
concentrer l’action sur les éléments structurants pour ce territoire. La méthode
préconisée se veut souple et ouverte aux évolutions. Le contenu du Plan programme
peut bouger dans le temps. S’il concerne d’abord la mandature qui commence, il n’est
pas limité à six ans, certains projets seront étudiés ou lancés bien au-delà. Le
Plan programme expose d’abord une analyse précise des caractéristiques des
arrondissements de l’Est au regard du reste de la capitale. De nombreux retards
apparaissent, en particulier dans l’état des logements, la couverture par leséquipements publics (écoles
insuffisantes avec un grand nombre de classespréfabriquées) et une structure économique fragilisée par les
difficultés des activités industrielles et artisanales et le faible
développement dutertiaire, un paysage
urbain peu attractif. En même temps, ces arrondissements sont ceux où les
transformations de la ville sont les plus importantes et qui offrent les plus
grandes opportunités foncières pour l’avenir. L’Est de Paris est« la
nouvelle frontière du développement de la ville sur elle-même ».
Le Plan programme fait ensuite une synthèse des opérations
et des projets, exercice probablement sans précédent à cette échelle et avec ce
niveau de précision ; il préconise deux types d’actions :
-
des « actions prioritaires » touchant tous les domaines : urbanisme,
logement, espaces publics, équipements, transports, économie ;
-
des « actions d’ensemble pour le cadre de vie quotidien » :
sécurité, entretien, propreté, animation culturelle et sociale, amélioration
des services public...
Les actions prioritaires correspondent essentiellement à des
opérations publiques aux degrés d’avancement très divers. Une partie d’entre elles,
largement engagées, sont issues du vaste travail de redéfinition des anciens
projets de rénovation urbaine mené à partir de 1978
; d’autres ont été lancées plus récemment ou sont en cours de
procédure ou d’étude.
L’Apur a reporté sur une même carte l’ensemble des projets
et leurs principales composantes. Cette synthèse permet une lecture facile et
éclairante des principaux éléments structurants.
Ils concernent d’abord deux grands secteurs en mutation :
-
au Nord-Est autour du bassin de la Villette et des canaux, de la place de la
Bataille-de-Stalingrad aux limites communales ;
-
au Sud-Est de part et d’autre de la Seine, des gares de Lyon et d’Austerlitz
au boulevard périphérique.
Ce sont aussi les nombreuses interventions sur les espaces
publics qui font liens entre les opérations, entre les quartiers de l’Est de
Paris, et avec les autres arrondissements : nouveaux parcs et jardins,
promenades des berges de la Seine et des canaux, nouveaux franchissements de la
Seine au Sud-Est, promenade plantée Bastille – Bois de Vincennes, achèvement de
la rue de Flandre, réhabilitation de grandes voies historiques dans les
quartiers, etc.
La préparation et la mise en œuvre des opérations du Plan programme
se sont étendues ensuite sur bien plus d’une décennie. Elles ont constitué une
part significative du travail de l’Apur dont les méthodes se sont
progressivement enrichies: consultations d’urbanisme, missions de coordination,
concours,… et ont contribué à renforcer la qualité urbaine à l’Est de Paris.
Plus de trente ans après le Plan programme, les
arrondissements de l’Est ont considérablement changé ; les quartiers
attractifs y sont de plus en plus nombreux, avec– classique revers de la
médaille- des changements sociaux et économiques marqués et de fortes pressions
foncières. Ce sont les effets de ce qui a été réalisé, mais tout autant des
mutations profondes de toute l’agglomération. Plutôt qu’à l’Est de Paris, on
est là dans le plein cœur de la Métropole.
N.S.
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